Cette personne m'a l'air tout à fait charmante ma foi. Il a un petit côté mystérieux qui attire l'attention. Le pauvre, on dirait tellement qu'il s’ennuie… je ne pensais pas que l’on pouvait s'ennuyer sur son lieu de travail. Enfin bon. Il m'invite à entrer, ce que je fais puis je prends place sur la chaise en face de lui.

- Ma demande va vous paraître bizarre mais, en fait, je me suis perdue dans les couloirs et… et pour être honnête, je ne me souviens plus ce que je cherchais ! J'ai des problèmes de concentration et d’attention, du coup, je vais faire un truc et quelques minutes plus tard même pas, je ne vais plus me souvenir de ce que j’étais en train de faire… de mon objectif du début…

Je me racle la gorge et ébouriffe mes cheveux.

- En fait, je suis venue visiter l’établissement, bien que je sois déjà à l'université de Beacon depuis deux ans mais… ma mère m'a dit de venir ici, elle pense que je vais faire comme elle le souhaite et abandonner mes études actuelles pour d'autres. Sauf que, j'aime la photographie et je veux continuer dans cette voie… elle pense que c'est des études nulles, qu'elles ne apporteront pas assez d'argent… elle ne pense qu'à l'argent et aux apparences cette co… cette femme stupide…

Je trouve que mon débit de paroles est un peu trop intense. Chose qui arrive quand je suis nerveuse.

- En fait, est-ce que vous pourriez me parler de votre expérience ici, de l’établissement… 'fin si vous avez un peu de temps libre, et l'envie de le faire…

Je suis peut-être un peu trop rentre dedans pour le coup. J'espère qu’ilne va rien s'imaginer de bizarre. Je suis juste venue pour que ma mère me laisse tranquille. Au moins, je lui ferais son foutu compte rendu et puis basta !

Il me dit clairement que je peux cracher tout mon venin au sujet de ma mère, sans craintes et que ça restera secret. Juste entre nous. Je me mords l’intérieur des joues, hésitante. De base, je n’étais pas venue pour ça mais, je me dis que peut-être, ça me soulagerait de le faire. J'espère qu'il a du temps devant lui parce que ça risque d’être très long.

- J'ai tellement de rancœur en moi que je ne sais pas par où commencer… ni même si je vais arriver à garder mon calme si j'ouvre ma bouche… et d'un autre côté, je me dis que ça pourrait m'aider un peu…

Je torture mes doigts, nerveuse. Il m'a l'air d'être un homme de confiance et puis, entre nous, si ça se trouve, on ne se croisera plus après aujourd’hui.

- Mes parents ont divorcé quand j’étais encore très petite… après les gros incendies de Californie, notre manoir familial a été pratiquement détruit… ma mère ne voulait pas déménager alors que mon père, oui. En fait, il voulait tout raser pour éviter le danger de me voir blessée ou pire, elle a répondu que si ça arrivait c’était parce que j’étais stupide et que ça serait une bonne leçon… mon père n'a pas cautionné ça. Malheureusement, je n'ai pas pu choisir avec qui je voulais rester, et me voilà ici, à Beacon Gilles, avec une femme qui ne jure que par les apparences et l'argent… Elle se fiche complètement de ce que je peux ressentir…

Mes mains tremblent mais j’essayede me contenir sinon je vais en prendre à lui, alors qu'il n'y est pour rien…

- Il y a quelques années, j’ai failli mourir parce que la foudre m'est tombée dessus, j’ai la trace dans tout le dos, ça fait comme un éclair immense et ben, quand elle a su, elle est venue me voir une seule fois pour me raconter les potins du quartier ! Elle se fichait pas mal de savoir que la douleur que je ressentais été simplement horrible ! J'avais besoin d'elle et elle n'a rien fait ! Même l'homme qui m'a emmené aux urgences était plus avenant, plus aimant qu'elle ! Il a demandé de mes nouvelles alors qu'on ne se connaissait pas… Elle a voulu que je fasse de la chirurgie esthétique pour faire disparaitre la cicatrice tout ça parce que je cite, « tu ne trouveras jamais d'homme avec cette horreur sur le corps » ou encore, « c'est mais cache moi ça et ne ça surtout pas te baigner sans tee-shirt ! »… je la déteste de toutes mes forces…

Bizarrement, je ne me sens pas mieux pour autant…

Respire souffle Cyrodiil, tu t'emballe un peu trop. Il va avoir du mal à te suivre. Et d'ailleurs, ses mots le prouvent. Mon cœur tape fort dans ma cage thoracique, si je ne me calme pas, je vais tourner de l'oeil. Ça ferait désordre. Je me recentre sur la conversation, ou plutôt, j'essaye.

- Ma figure de Lichtenberg, j'en n'ai pas honte, je dirais même qu'elle est ce qui me rend unique mais, des fois, c'est dérangeant quand les gens se fixent dessus au lieu de te regarder dans les yeux... Les gens viennent me voir quand un bout de peau est dévoilé seulement pour en causer... J'aimerais quand même qu'on me parle d'autres choses, qu'on s'intéresse à autre chose que ça... Mais sinon, je m'appelle Cyrodiil et j'ai 18 ans. Les gens m'aident par intérêt la plupart du temps alors, je ne demande rien...

Peut être que lui, il pourrait m'aider ? Ou alors, un autre adulte compréhensif ? Non, non. Les adultes croient sûrement que je fais ma crise d'adolescence, que c'est juste une passade.

- Je ne demande rien parce que je suis sûre, à cent pour cent qu'on va me dire que c'est ma crise d'adolescence ou bien, la puberté où je ne sais quelle autre conne... euh bêtise !

Quand je suis frustrée et énervée, je devient grossière et familière. Bonjour la réputation !

- Je suis sûre qu'elle m'a menti sur mon père. Je suis née dans la mauvaise famille j'ai l'impression. Je ne sais pas ce que c'est l'amour maternel, ni même une maison stable. En fait, je devrais partir de chez moi, genre, trouver un job et un petit studio sauf que je n'ai pas vraiment de compétences attrayantes... je crois. Remarquez, j'ai suffisamment d'économies pour devenir propriétaire d'un loft ! Mais personne n'acceptera une adolescente, je le sais. Et puis en fait, j'ai pas l'impression d'être à ma place avec ma mère, c'est bizarre...

Je regarde mon interlocuteur fixement même si je sais que ce n'est pas très poli. Moi la première, je déteste qu'on me fixe parce que ça me donne l'impression que l'on me juge. "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrai pas que l'on te fasse", oui c'est le bon credo je le sais mais, je ne peux pas m'en empêcher... Je me recentre sur notre discussion et réfléchis quelques secondes avant de répondre.

- Je ne la repousserai pas c'est sûr mais, en fait, je me demanderai pourquoi cette personne veut m'aider alors que l'on n'est pas familier, voyez ? Et puis j'ai un chien et un chat... Il est hors de question que je les abandonne avec cette... cette euh... mauvaise femme !

Oui voilà, je vais quand même rester un minimum polie sinon on va dire que je suis vulgaire et ingrate.

- Vous savez, je ne sais même pas si elle est vraiment ma mère, on est différente en tout point. Parfois je me demande si elle ne m'a pas échangé à la naissance parce que son bébé était moche, et le regarder la répugnait... J'en arrive à des conclusions extrêmes et répétitives. Je suis la maman de mes animaux et l'amour que je leur porte est plus fort que tout. Mais je m'égare, je pars dans tous les sens en sautant du coq à l'âne ! Votre foyer, il a l'air bien mais s'ils n'acceptent pas les animaux...

C'est ce que je redoute le plus : être séparée de mes enfants poilus. Je crois que je ne le supporterais pas. Je préfère endurer une vie sans amour parental que d'être séparée de mes compagnons. Mais j'y pense, je ne lui ai pas déjà dit tout ça ? Misère, je ne sais plus ce que j'ai dit, encore une fois...

- Vous êtes gentil...

Je lui souris gentiment. Je suis arrivée ici par hasard et maintenant, je me suis confiée à cet homme. C'est très bizarre comme situation.

Je me demande si je ne peux pas directement m'acheter un logement. Après tout, l'argent n'est pas du tout un problème au vue des revenus de mes parents. Mon père, si toutefois il l'est, a percé dans l'immobilier très jeune et ma génitrice est mannequin, elle a aussi créé sa propre marque de luxe etc... Je suis sûre qu'elle sera ravie si je quitte la maison ! Je fixe l'homme, essayant de, en fait j'essaye quoi ? Deviner ses pensées ? J'avoue que lire dans la tête des gens doit être très instructif mais, il n'y a que dans les films qu'on voit ça.

Comme je m'en doutais, les animaux ne sont pas autorisés dans les foyers. En même temps, on ne sait pas sur qui on va tomber dans la chambre d'à côté. Il me donne des feuilles, je les lis en diagonale, je pense que j'ai suffisamment abusé de sa gentillesse. Je les range précieusement dans mon sac.

- Merci beaucoup... En fait, la solution était simple dès le début et moi, j'ai tout rendu complexe... C'est idiot... En fait, je stresse un peu de devoir quitter la maison. Pas parce que ma mère va me manquer, mais parce que je sais très bien qu'elle ne m'aidera pas. Je pourrais appeler mon papa et lui demander des tuyaux mais, j' ai vraiment envie de me débrouiller moi-même. J'avais peur de me lancer mais grâce à vous, je me sens apaisée... En plus vous m'avez tendu la main alors que je ne suis même pas d'ici, je l'oublierais pas.

Oui, si un jour je peux lui renvoyer l'ascenseur de quelque façon que ce soit, je le ferais.

J’ai dit que je voulais me débrouiller par moi-même mais, d’un autre côté, papa pourrait se charger de la paperasse et tout le tralala sans moi. Est-ce bien ? Je veux dire, me servir de mon père architecte, gérant d’une entreprise immobilière de haut standing, c’est très tentant… Au pire, il peut me donner quelques adresses pour que je visite et après, je règle le reste avec lui. Non ? Il n’hésitera pas à me venir en aide, je le sais mais, je n’ai pas envie qu’il me voie comme une profiteuse. Raaah, encore des interrogations stupides ! C’est incroyable comme je peux me prendre la tête pour ce genre de chose… bref… Je sens mon portable vibrer, c’est sûrement mon père, au vue de l’heure qu’il est.

- Je vous suis reconnaissante monsieur, pour votre aide précieuse. Vous m’avez ouvert les yeux sur bien des choses, je dois prendre les choses en main à présent.

Je me lève et range la chaise en souriant poliment.

- Je vais m’en aller, je risque d’être en retard à mon prochain cours sinon. Si vous voulez bien… je pourrais revenir vous voir pour vous parler de comment les choses avancent ? Enfin je veux dire… je pense que ce serait bien de ma part de vous tenir au courant mais je ne veux pas que ça vous dérange…

C’est la moindre des choses que de lui dire comment avancent les choses, il m’a proposé son aide et des solutions, ce serait mal venu de ma part de ne rien dire. Je sais où le trouver remarque. Je me dirige vers la porte, il y a une autre personne qui attend son tour.

- Je vous souhaite une bonne journée. Merci encore pour tous vos conseils, vous êtes chouette.

Je lui souris de nouveau et quitte le bureau.